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Il était entré dans notre société en 1945 et comptait donc plus de 60 ans de sociétariat. Tout le monde connaissait Pierre et l’appréciait. En effet, il participait à de nombreuses activités de la GdH et nous avions toujours beaucoup de plaisir à le rencontrer. Il faut dire qu’il aimait la société et les gens et tenait à le manifester. Il était particulièrement amateur de randonnées pédestres et c’est essentiellement lors des rallyes ou des balades du groupe des vétérans que nous avions l’occasion de le côtoyer. Marcher en sa compagnie était alors un v rai moment de bonheur. Avec lui, nous ne cheminions pas très rapidement et tant pis si parfois nous prenions un peu de retard. Aimant le contact, il demandait de nos nouvelles et s’ex primait abondamment sur les mille et une choses de la vie. De plus, pour donner du poids à ses paroles, il s’arrêtait de temps à autre, insistant sur le sens de son verbe, puis reprenait la marche. Il savait donner de la chaleur à ses propos et j’ai toujours pensé que Pierre ne souhaitait qu’une chose : le bonheur de ses amis. Souvent, en marque de gentillesse et dans un pur esprit taquin, nous l’appelions Robespierre. Et pourtant, s’il est un sobriquet qu’il ne méritait pas, c’est bien celui-ci. En effet, de nature pacifique, Pierre n’avait rien du dictateur qui a sévi durant la Révolution française. Mais le jeu de mots était si facile que nous tombions tous dans le piège. Malheureusement, Pierre fut contraint de passer sa dernière tranche de vie à l’EMS Bel-Horizon, à Ecublens. Bien sûr que, dès lors, il ne pouvait plus participer à nos sorties. Mais il restait un peu avec nous car, lorsqu’il s’est retrouvé en institution de retraite, il nous a demandé de continuer à lui adres - ser les invitations aux sorties mensuelles du groupe des vétérans ; ainsi, disait-il, je suis des vôtres et, en pensée, je partage votre plaisir.
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